255La féminité transparaît jusque dans l’accord de l’adjectif attribut blondes avec son sujet ils. De plus, on n’en trouve des occurrences que sous la plume de Jean Renart qui utilise très régulièrement cet adjectif lorsqu’il décrit la chevelure de ses personnages : Elles ont les cheveux ambrés et ondulés. / Mes asez le puet deviner / A ce qu’il vit les treces blanches / Qui li pandoient sor les hanches, » (v. 8103-8108). Et sa chevelure non pas brune mais toute blonde : C’était le plus bel enfant du monde ! 19Or, encore une fois, il n’en est rien et la dépréciation ne résulte pas du mot crine mais de ceux qui lui sont accolés. Voir par exemple la Plainte de Marie-Madeleine de Gautier Châtillon : « Transfixis pedibus quos fletu laveram, / quos tersi crinibus, ore lambueram, / non his ulterius hanc eddam operam. Néanmoins, Dietmar Rieger prend la défense de Graelent en soulignant le désir de la fée, plus tard avoué, d’être violée364. C’est ce que confirme le comportement de Renart avec Hersent encore parturiente : Mais n’avoit pas son chief covert. 250 Espectivement Lancelot en prose, t. v, xcill, 33, p. 139 et Lancelot en prose, t. v, xcvill, 41, p. 268. Olivier Collet & Pierre-Marie Joris, Paris, Lib. C’est bien l’absence de guimpe qui justifie les vœux de succès lors du concours. 337 Voir aussi p. 310 et suivantes l’analyse de l’anecdote de Sémiramis cessant de se coiffer à l’annonce d’émeutes et se donnant à voir à ses sujets à moitié tressée et à moitié détressée (eschevelee). 293Pour saisir l’empire que peut exercer la chevelure féminine sur un héros masculin, il faut garder à l’esprit la mode qui était en vigueur au moment où les auteurs rédigeaient leurs textes. Il semblerait que cette prédilection pour la blondeur soit héritée de la Grèce antique : « chez les Grecs, le trait le plus frappant n’est ni le style de coiffure, ni l’ornementation, mais l’amour des cheveux blonds. Les critères de la beauté idéale sont donc globalement les mêmes pour les deux sexes299, d’où un certain trouble quant aux catégories de genre. Dominique Boutet, Paris, Lib. La blondeur symbolisait l’innocence, un statut social supérieur, et enfin le désir, peut-être en raison de la rareté de cette couleur, la majorité des Grecs étant bruns. Le sens de l’adjectif hericiez est même amplifié par la présence de l’adverbe touz ou par la coordination avec maupigné qui met l’accent sur le manque d’hygiène et de soin. Il n’en est rien et les deux emplois coexistent sans se contaminer. D’ailleurs, Cedric Edward Pickfordd, en étudiant le manuscrit B.N.fr. 355 Il est intéressant de remarquer la confusion lexicale entre les cheveux détachés et les cheveux non voilés, aussi bien en ancien français que dans la coutume juive : « Des textes juifs montrent que les hommes étaient sensibles à l’appel érotique que constituait une belle chevelure féminine. Empreinte indélébile de sa déloyauté ? 182b-c. 153La profusion de cheveux noirs s’impose ici comme une caractéristique du personnage ; associée à la matité de la peau du visage, elle rapproche le roi d’Estrangorre du Chevalier sarrasin Palamède connu pour sa fidélité exemplaire : Il est de moyenne stature. Il est de moyenne stature. Les critères sont-ils identiques pour les hommes et les femmes ? 294Quelles que soient les modes, les cheveux demeurent ainsi cachés sous une ou deux épaisseurs de tissu347 jusqu’au règne de François Ier. 203 « li Rous Chevaliers de la Parfonde Forest, qui le lion maine, mauvaisement e en traîson » (Perlesvaus, branche x, p. 356). 127 Le prestre et le chevalier, dans Nouveau recueil complet des fabliaux, t. ix, p. 67-123. 301 Dans « Sous le feu des regards ou la beauté captive » dans Lancelot, sous la direction de Mireille Séguy, Paris, Autrement, collection Figures mythiques, 1996, p. 51. [...] et dist en elle mesmes que oncques n’avoit veu plus beau chevallier, Il avait les traits réguliers, une belle carnation qui mêlait le blanc et le brun, un air hardi et une chevelure noire. Erik v. Kraemer, Helsinki, 1953. Ce n’est que par analogie que le mot a pu s’appliquer au pelage de l’animal. De plus, « au xiiie siècle, la coiffure des femmes se transforme : la double tresse ramenée sur le devant persiste rarement ; les jeunes filles et les reines portent souvent les cheveux flottants sur les épaules ; les femmes mariées et parfois aussi les jeunes filles commencent à cacher leurs cheveux. » (Camille Enlart, op. Nous verrons ce qui se joue au moment où le voile s’efface, lors du passage de l’absence à la présence, lors du dévoilement de la chevelure. URL :http://presses-universitaires.univ-amu.fr, Adresse : 29 avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-Provence cedex 1 France. Mais il n’avait pas une beauté de femme ; 254Le risque est même si grand de féminiser le portrait que la langue, en un lapsus révélateur, dévoile l’implicite du discours lors de l’entrée triomphale du héros entouré de cent pages : Ilz estoient merveilleusement beaux et blondes, et bien en point, mais sur tous estoit le roy le plus beau et le plus parfaict, car bel et grant homme estoit. 213Ces deux descriptions de preudomes mettent l’accent, parmi toute autre caractéristique physique, sur la couleur immaculée de la chevelure – et des poils de la barbe – symbole de la perfection morale de celui à qui Dieu a fait don de cette couleur. 196 C’est aussi la duplicité qui caractérise Marc le Roux dans Ysaïe le Triste car son apparence séduisante masque un tempérament déloyal : « My chier ami, fait Siasaries, je tieng et compare Marc nostre maistre a le mousque, car il estoit beaus et faitis et gentis par samblanche, et se vestoit de drap d’or et de soye reluisans, et s’avoit malvais coraige et volenté fausse et traittre. » (137 (a), 72, p. 114). Il portait des jambières et des souliers en cuir de bœuf que des cordes en écorce de tilleul lui maintenaient autour de la jambe jusqu’au-dessus du genou, une cape sans envers ni endroit, et il était appuyé sur une énorme massue. À la cour, de riches barons n’hésitent pas à en porter : Ils ont le corps gracieux et le visage fier. Maurice Roy, t. ii, Paris, Firmin Didot, SATF, 1891, v. 1094). ds le texte] a été introduit nouvellement en Allemagne pour désigner la poésie dont les chants des troubadours ont été l'origine, celle qui est née de la chevalerie et du christianisme. La perspicacité du jugement de l’inconnue ne laisse aucun doute puisqu’il sert d’événement déclencheur au départ en aventure (Floriant et Florete, v. 6621-6626). Bi, ajoutez moi sur - pour parler parce que ici c'est galère -> Alexmrtn1 Man with brown hair, with short hair, with blue eyes, athletic, light brown, in couple, with none children, avec bachelor's, atheist, who never smokes cuevrechiez / Qui cuevre la guimple et le chief ; » (Le Roman de la Rose, v. 20956-20958). Le Livre de la mutacion de Fortune, t. iii, v. 18639-18649. Avec un nom féminin, l'adjectif s'accorde. C’est en ces termes que le prétendant royal formule sa demande en mariage au frère et tuteur de la belle orpheline : Quand son voile ne dissimule pas ses cheveux. La demoiselle était d’une grande beauté ; elle se présenta en superbe toilette devant le roi : elle portait une tunique et un manteau coupés dans un très luxueux drap de soie et était tressée d’une épaisse et longue tresse, brillante et claire. Florence Bouchet, Paris, Lib. 50Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer du fait de la disparition actuelle de poil au sens de chevelure, le terme n’est pas connoté négativement et est loin d’intervenir en priorité lors des portraits de personnages hideux : 51Tout comme dans cette fraîche description de Galeran à quinze ans, poil est souvent associé à des adjectifs évocateurs de beauté, blond étant le plus courant. 215 Romances et pastourelles françaises des xiie et xiiie siècles, éd. cleres esmeraudes et voit son front bel et sa cheveleure crespe et sore dont li chevoux sambloient d’or et voit en lui tant de biauté qu’ele ne cuidoit pas qu’en paradis eust nul si bel ange. » (lxxvi, 2, p. 134). 262Les adjectifs tors (participe passé adjectivé du verbe tordre) et locus ainsi que la comparaison finale avec la cordelle confortent et amplifient cette vision tourmentée et tortueuse. 147 « [Les] adjectifs qui pourraient posséder une réelle valeur descriptive, comme ceux de forme et de couleur, [...] tendent à perdre leur absolue neutralité, leur qualité intrinsèque de descriptif, au profit d’une connotation positive, liée à une culture et à une époque. » (Catherine Croizy-Naquet, Thèbes, Troie et Carthage. Voir les statistiques de réussite de ce test de français Merci de vous connecter au club pour sauvegarder votre résultat. Épopée Romane, Orléans, Paradigme, 1999, p. 35). L’esthétique renvoie ici à un souci éthique. Chansonnier d’Oxford, Pastourelles I, pièce xvi, v. 16101. À la rousseur le mal, la déloyauté et la traîtrise196, à la blancheur l’innocence et le bon droit. Roux de la Verde montaigne est le quatrième fils de Desraes le Malois dans Ysaïe le Triste, (33(a), 22, p. 48). S’il est vrai que le vêtement blanc est signe des hautes valeurs spirituelles de la vie monastique, la teinte prise par la chevelure et par la barbe des ‘preudomes’ a les mêmes connotations positives. Dès lors que sa chevelure est visible, la femme court le risque de l’impudeur. Colin Muset vise ici à surprendre son auditoire mais l’on ajoutera simplement que cette liberté est rendue plus facile dans la lyrique pour la simple raison que, par convention, les jeunes filles courtisées par les poètes dans ces chansons légères sont bergères et non pas reines : comme Lunete, elles peuvent être brunes sans que cela leur porte préjudice. 244Malheureusement, toutes les femmes et tous les hommes ne naissaient pas frisés et c’est pour pallier cette injustice que nombre de coquets et coquettes avaient recours aux services des barbiers et barbières. Notons que le substantif blondor ne se rencontre guère que dans le portrait de Lancelot dans le roman en prose, où il présente la particularité d’être distingué de soret119. 142Le latin niger, à l’origine de neir/noir, était déjà employé au physique comme au moral, ce qui peut expliquer les emplois abstraits négatifs qui se font jour au xiie siècle174. Loin de frôler le pléonasme, le rapprochement des deux adjectifs permet de préciser la couleur exacte des cheveux, à savoir roux-châtain (ce qui ne correspond pas à notre conception actuelle de la blondeur) tout en insistant sur leur beauté grâce aux connotations attachées à blond : 93L’adjectif blond fait le lien entre la couleur sore (un peu trop foncée pour l’esthétique médiévale) et l’affirmation de beauté (impliquant une chevelure claire). Nous le verrons, c’est le roux, nuance malfaisante du jaune, qui reprendra à son compte ces connotations négatives. bouche vermeille, vos yeux m’ont trahi. C’a molt grant poine la puet on esgarder. 104 Et de bergère on glisse vers petite amie. Ce n’est cependant pas si simple puisque le maître d’armes de Clamadeu, qui soutient les extravagances de son poulain est « Uns chevaliers auques chenuz » (Le Conte du graal, v. 2396). 225La chevelure – et peut-être davantage la chevelure blanche – loin d’être décrite pour elle-même, est constamment frappée d’interprétations. Si la cooccurrence se rapporte à un voisinage ponctuel, la collocation en revanche renvoie à des faits récurrents, à des usages linguistiques uniformes (François Gaudin & Louis Guespin, Initiation à la lexicologie française, Paris, Duculot, 2000, p. 228-229). Girart d’Amiens, Escanor, roman arthurien en vers de la fin du xiiie siècle, éd. 48Le sème de longueur est totalement absent puisque le substantif peut aussi être accolé à l’adjectif curte58. 294 Voir Arnoldo Moroldo, art. cit., p. 32. “Le lexique de la chevelure”. D’autre part, le lecteur ne connaît généralement rien d’autre sur ces chevaliers que leur nom. 138De même, Benoît de Sainte-Maure, avant de faire l’éloge de la beauté du fils d’Andromaque, esquisse un portrait antithétique des attributs hideux que ne peut posséder Laodamas, à savoir des cheveux foncés170. 317 « On se couvrait assez rarement la tête avant l’époque romane ; on le fit davantage au xiie et plus encore au xiiie siècle ; enfin, depuis le milieu du xive, on eut la tête couverte presque toujours à l’extérieur, souvent à l’intérieur. » (Camille Enlart, op. Mais quand il eut l’âge de prendre les armes, comme vous allez l’entendre, ils perdirent leur blondeur naturelle et devinrent légèrement ambrés et il les avait toujours frisés et modérément clairs et très plaisants. Fr., 2005, texte de B, v. 7766). 147Outre le voisinage de la hure noire et des adjectifs lais et hidex, contiguïté qui instaure une nouvelle fois une équivalence entre noirceur et laideur, on soulignera l’influence du portrait du vilain brossé par Chrétien dans Le Chevalier au Lion.